Quelles que soient les raisons pour lesquelles tu es enceinte, et quelles que soient les raisons pour lesquelles tu as décidé de ne pas poursuivre ta grossesse, il est important que tu te souviennes que nul n’a le droit de te juger. Tu es la seule, vraiment la seule, à savoir et pouvoir décider si tu es en mesure ou pas d’accompagner et de veiller sur une vie pendant la majeure partie du reste de ta propre existence. Et tu as parfaitement le droit de ne pas te sentir en capacité de prendre cette responsabilité, pour des raisons très diverses les unes des autres.
Bien souvent, la principale et la plus cruelle source de jugement, … c’est toi à ton propre égard. Ce que tu vis, la décision que tu as prise, sont humainement l’une des situations les plus difficiles à traverser. Les préjugés, les rejets, les violences faites aux femmes ont été et sont encore légion, aussi je t’en prie, essaie de ne pas puiser à cette source pour toi-même : tu mérites de la douceur, de la compréhension, et tu mérites d’être accompagnée dans ce que tu t’apprêtes à vivre.
Même si les consciences ont progressé, il reste encore une forme de tabou autour des interruptions volontaires de grossesse. L’une des conséquences est l’absence de mots justes et vrais à toutes les étapes : les mots qui accompagnent, les mots qui consolent, ceux qui disent la vérité crue d’une hospitalisation ou d’un retour solitaire à la maison pour vivre cet arrachement intérieur, les mots qui préviennent, ceux qui permettent de vivre ce moment en conscience plutôt qu’en culpabilité. Et les mots qui ne franchiront pas tes lèvres si personne ne les accueille, ceux qui se transforment en larmes intérieures et n’en finissent plus de couler. Les mots qui se font silence et viennent se déposer dans une main bienveillante.
Alors, face à cette décision que tu sens profondément légitime et qui te violente néanmoins, je te propose de nous attarder un peu non pas sur ce que tu vas faire, mais sur la manière dont tu souhaites le vivre. Poser un autre regard, qui peut-être te guidera dans plus de justesse et de douceur.
Tu portes une vie au creux de toi, c’est un fait. Un tout début de vie. La plupart du temps, les représentations de ce ‘début de vie’ sont biologiques, physiologiques, médicales -on parle de fœtus, d’embryon, de semaines d’aménorrhée, de stade cellulaire – , mais rarement reliées à la part d’âme, immatérielle, qui est venue rejoindre ton ventre pour solliciter un abri où grandir et prendre chair (ce que l’on nomme l’in-carnation). Vois-tu, c’est en accompagnant cette part immatérielle à se séparer de toi que tu vas pouvoir, toi aussi, te séparer d’elle dans la paix. Je ne sais pas combien de femmes j’ai pu rencontrer et qui, des années après avoir fait la même choix que le tien, portaient avec une puissance décuplée la culpabilité de leur décision. La raison essentielle, bien au-delà de leur histoire unique, était l’absence d’un au-revoir conscient qui aurait permis de vivre cette séparation dans sa réelle dimension, énergétique, émotionnelle, spirituelle. Si cela reste possible à des années de distance, je crois profondément que nous ne sommes pas dans l’obligation de vivre tout ce temps de souffrance sourde et de culpabilisation muette. Tu n’as pas cette obligation qui ressemble fort à une punition.
Ce que tu ne sais peut-être pas, ce que tu trouves peut-être effrayant en de telles circonstances, c’est que tu peux parler à cet Être immatériel qui est venu te solliciter. En le reconnaissant avec respect, en lui parlant avec sincérité des raisons pour lesquelles tu ne peux pas l’accueillir dans ta vie, tu as le pouvoir de transformer cette décision et cette séparation en Sacré.
Si le texte suivant peut t’aider à trouver les mots du coeur, autorise-toi à prendre un moment au calme pour vivre cet accord d’âme à âme avant de vous séparer :
» A toi qui es venu me demander de t’abriter dans mon ventre, je veux te dire avec Respect et Amour pour ton Être que je ne peux pas t’offrir l’enveloppe charnelle que tu es venu chercher, car je ne me sens pas en mesure d’assumer cette responsabilité à ce moment de ma vie (tu peux détailler ce point et ouvrir ton coeur sur tes raisons).
Je ne peux pas t’offrir la disponibilité, l’attention et la vigilance que tu mérites pour une vie terrestre. Je veux que tu saches que l’unique raison de mon choix est liée à ma situation, aucunement à ton Être.
Je te demande maintenant de quitter l’enveloppe embryonnaire qui a commencé à se développer pour toi, de la laisser vide pour le moment où je ferai le nécessaire pour la séparer de mon corps.
Je t’invite avec bienveillance à regagner la Lumière pour évoluer vers ton Bien le plus élevé, afin que nous soyons tous les deux en paix pour continuer à grandir dans nos dimensions respectives.
Merci de m’avoir fait comprendre que j’ai la force de savoir décider ce qui est juste pour moi. »
Je te souhaite de continuer toi aussi ton chemin dans la lumière, en honorant cette force en toi, à l’écoute de ta propre part d’âme.
Si tu as besoin d’aide, ose demander, ose réclamer. De nombreuses femmes autour de toi, dont je fais partie, sont là pour t’accompagner.