(Tous les prénoms et autres détails de ce récit sont fictifs. S’ils devaient s’avérer correspondre à une réalité personnelle, cette coïncidence est fortuite.)
Il était une fois le voyage en Mère de Dounia, jeune maman d’un petit garçon de 3 ans et enceinte de 5 mois de son deuxième enfant, une petite fille. Dounia se dit triste, pleure souvent pour une raison qu’elle peine à mettre en mots : « pourquoi ai-je l’impression d’être si loin de mon bébé ? On l’attendait pourtant tellement, ce 2ème bébé ! C’est horrible à dire, mais c’est comme si je ne parvenais pas vraiment à m’investir, ni à lui parler … parfois, j’oublie presque que je suis enceinte. Ce n’est pas normal, quand même ! ».
En échangeant sur la grossesse et la naissance de son aîné, Dounia me confie avoir été très heureuse enceinte, mais qu’un déclenchement post-terme s’était terminé par une césarienne car les contractions restaient ‘ inefficaces à faire descendre bébé ’.
« Et puis, j’ai été et je suis encore une maman très inquiète ; je vérifiais mille fois que mon bébé respirait bien dans son sommeil. Encore maintenant, je passe vérifier dans sa chambre en allant me coucher chaque soir, même s’il a 3 ans. C’est inexplicable, mais j’ai toujours peur qu’il ait un problème quand il dort. C’est mon mari qui a insisté pour qu’il commence à dormir dans sa chambre, avant la naissance du bébé. Evidemment, tous les 4 dans notre lit, on ne va pas pouvoir … mais honnêtement, je crois que cela me rassurerait ! ».
Nous avons travaillé ensemble à relire l’histoire de sa famille : tous ces vécus sur lesquels nous glissons en ne prêtant attention qu’aux faits et insuffisamment aux émotions vécues. Plus qu’une relecture, il s’agit d’une immersion dans la vie de nos ascendants.
Il se trouve que dans la lignée paternelle de Dounia, sa grand-mère Francesca qu’elle n’a pas connue, a mis au monde 9 enfants. Six seulement ont vécu, dont le papa de Dounia qui a quitté l’Italie pour s’installer en France, petit-dernier de cette grande famille. Francesca a donc traversé des drames maternels qui n’étaient évidemment pas accompagnés comme ils peuvent l’être de nos jours : le décès de son premier né, un petit garçon prénommé Julio mort dans son sommeil à 3 semaines. Son 2ème bébé, une petite fille (évidemment) prénommée Julia, est morte-née, ainsi que son bébé né en 6ème place dans la fratrie.
Il nous faut entendre l’histoire de Francesca dans son contexte : une femme en milieu rural, dans les années 1940 au sud de l’Italie, qui a accouché à la maison et a perdu ses deux premiers bébés en 2 ans de temps. Puis un autre enfant quelques années plus tard. On ne peut pas imaginer qu’elle ait pu faire le deuil de ses enfants décédés ! La répétition des prénoms donnés à ses deux premiers enfants serait en elle-même suffisante à le comprendre. Et comment aurait-elle pu vivre sereinement chacune des grossesses et des naissances qui ont suivi ? Son histoire de mère a « programmé » la Peur : celle de la mort subite du premier né, celle du possible décès de l’enfant attendu à sa naissance. Peur, peur, peur. Car concevoir un enfant, le porter puis le mettre au monde ont, à chaque fois, fait vibrer le risque de le perdre.
L’inconscient familial est un Ordinateur sans faille qui enregistre tous les irrésolus émotionnels, les drames, les secrets, les croyances, les chocs et les traumas de vie. Il enregistre les prénoms, les dates, mais surtout les émotions. Et les transmissions inconscientes, notamment de génération de femmes en génération de mères, viennent aussi puiser dans ces deuils non-faits.
Aussi, revenons à Dounia, elle-même née à 2 jours d’intervalle du jour de naissance de Francesca, et portant en 2ème prénom … le prénom de son aïeule. Alors même qu’elle ignorait l’histoire de cette grand-mère inconnue, Dounia s’est aperçue que son premier petit garçon avait été conçu en 2019 à l’exacte date de naissance du premier né de Francesca, Julio décédé dans son sommeil à 3 semaines. Je vous laisse deviner le 2ème prénom du fils de Dounia à l’état civil : Jules ! (l’Ordinateur, tel que je l’appelle, est implacable). Nous avons donc fait en sorte de rendre à Francesca son deuil de Julio afin d’apaiser les peurs de Dounia pour son aîné de 3 ans.
Nous avons également travaillé sur cette peur ancrée dans les générations depuis Francesca : s’attacher à un bébé en cours de gestation, c’est prendre le risque de le perdre à la naissance ! Dounia a réalisé progressivement que ce « manque d’investissement » qu’elle ressentait dans sa nouvelle grossesse, était une protection héritée de sa grand-mère. Imaginez quelques secondes le prompteur invisible transmis dans les lignées depuis Francesca : ‘et si ce deuxième bébé, cette petite fille, ne survivait pas à sa naissance ?’.
Rapidement, Dounia s’est sentie soulagée et l’hypnose prénatale est venue joliment aider à tisser du lien entre elle et son bébé. Le plongeon dans l’histoire de Francesca a également permis à Dounia de progressivement apaiser les peurs d’une nouvelle naissance déclenchée, comprenant la raison pour laquelle son corps avait notamment « retenu » la mise au monde de son fils lors de son premier accouchement.